La Colombie, troisième pays le plus inégalitaire de la planète

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La Tulpa

AUTEUR

Ramon Muñoz

Extrait de l'éditorial du rapport d'activités 2020

La crise provoquée par le COVID-19 a montré à quel point les communautés paysannes en Colombie sont indispensables pour le pays ; mais elle a également rendu visible leur situation de fragilité et de précarité sociale, une réalité qui découle d’une longue histoire d’abandon et de violence, ainsi que du déploiement de politiques publiques et de projets économiques qui contredisent et même nient le bien-être et les droits de la paysannerie. 

 

Aujourd’hui, la paysannerie tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme et nous fait prendre conscience que la précarité socio-économique des campagnes n’est pas seulement l’affaire de ceux qui y vivent, mais de la société dans son ensemble. « Si la campagne est vulnérable, nous sommes tous vulnérables », affirment des dizaines d’organisations paysannes du pays dans « L’appel à l’alimentation », un document récemment publié dans lequel elles attirent l’attention du gouvernement et de l’opinion publique sur la situation de la paysannerie en période de pandémie et dans lequel elles demandent la mise en œuvre effective de la réforme rurale intégrale et du programme national intégral de substitution des cultures illicites (PNIS) envisagés dans l’accord de paix.

  

Cette année, des protestations sociales provoquées par le mécontentement général à l’égard des mesures proposées par le gouvernement, se sont rajoutées à la crise sanitaire. Après la signature des accords de paix de 2016 avec la guérilla des FARC, leur mise en œuvre a été ralentie et combattue par le gouvernement actuel. Les manifestations qui se répètent depuis 2018, et qui se poursuivent désormais avec plus de force sur tout le territoire national, ne sont que le signe de la grande méfiance de nombreux et nombreuses citoyens et citoyennes envers les institutions nationales. Cette explosion sociale menée par les jeunes est, sans aucun doute, un événement qui peut être considéré comme un printemps démocratique. Cette protestation a été fortement réprimée, donnant lieu à des violations massives des droits humains dans les plus grandes villes et dans les campagnes colombiennes.

Les demandes et les propositions des manifestant·e·s, y compris dans les grandes villes, reflètent largement les aspirations et les pétitions des communautés rurales, qui exigent non seulement la reconnaissance, mais aussi la mise en œuvre de politiques qui privilégient la production paysanne, l’économie circulaire, l’accès à une éducation adaptée aux réalités paysannes, le droit à la santé, la protection des ressources naturelles et la présence de l’État dans les zones qui ont été les plus touchées par le conflit armé et maintenant par la pandémie. La pandémie a sans aucun doute contribué à creuser le fossé des inégalités. Dans un pays de 50 millions d’habitants, 43% de la population vit dans la pauvreté. La Colombie reste le troisième pays le plus inégalitaire de la planète. Ce sont toutes ces difficultés et réalités qui confirment la pertinence d’initiatives telles que La Tulpa, qui génère peu à peu de l’espoir et contribue à créer des changements au niveau local.

Ramón Muñoz

Membre de l’équipe de Lectures Partagées

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